Le dimanche 13 septembre 2020, un rassemblement d’à peu près 7000 personnes a été organisé à Bruxelles par le collectif « La Santé en Lutte ». Beaucoup de travailleur.euse.s du secteur des soins de santé et du secteur social ont répondu présents pour réclamer une meilleure prise en considération de leurs professions afin de défendre un système de santé « basé sur l’humain plutôt que sur la rentabilité financière »1. La crise pandémique de la COVID 19 n’a fait que mettre en lumière la fragilisation des conditions de travail de tous et toutes ces travailleur.euse.s de l’humain.

Né il y a un an pour dénoncer les dégradations des conditions de travail dans le secteur des soins de santé, tant du côté des travailleur.euse.s que des (futur.e.s) patient.e.s, le Collectif « La Santé en Lutte » fonctionne en assemblées favorisant la démocratie participative. Ces assemblées sont ouvertes à toutes personnes ou organisations qui souhaitent se mettre en « action ». Son site internet : https://lasanteenlutte.org/.

Le secteur du logement était bien représenté par diverses associations et militant.e.s de la défense pour le droit au logement autour d’un de ses slogans phares « Du logement pour les gens, pas pour le profit ». Peu avant la manifestation, le rendez-vous avait été lancé au « bloc logement » pour faire nombre et préparer banderoles, affiches et calicots.

Belgian Housing Action Day

Le collectif « Belgian Housing Action day » s’est joint à la manifestation pour défendre le droit à un logement décent et accessible pour tous et toutes. Ce collectif, né d’une initiative citoyenne européenne qui appelait à une journée d’action le 28 mars dernier dans plusieurs villes européennes pour le droit au logement (annulée suite à la crise pandémique mais reportée au 28 mars 2021), souhaite mettre en avant les problématiques centrales liées au logement dont voici ses revendications phares :

Pour une baisse et un encadrement des loyers !
Pour la fin des logements vides et pour des sanctions contre les propriétaires spéculateurs !
Pour l’abrogation de la loi anti-squat !
Pour la fin des expulsions et un logement pour toutes les personnes sans abri !
Pour la construction et la rénovation massive de logements sociaux !
Pour que chacun.e puisse vivre dans un logement digne !

Voir : SAVE THE DATE – Housing Action Day le 28 mars 2021

Dans un souci de faire converger nos luttes sociales, environnementales et économiques face au rouleau compresseur néolibéral, accentué par la crise sanitaire de la COVID 19 qui est une « crise systémique qui s’inscrit dans les interstices d’un modèle de développement humain qui atteint chaque jour, un peu plus, ses limites »2, il nous semblait logique que le secteur du logement soit représenté dans cet appel – le 13 septembre dernier – à tirer la sonnette d’alarme face à la casse sociale qui nous attend.

Violences policières

Nous ne pouvions terminer cet article sans évoquer les violences policières et arrestations totalement arbitraires qui ont durement frappés plusieurs participant·es en fin de parcours. De nombreux témoignages ont fait état de violences policières sur des hommes, des femmes ainsi que des arrestations de mineurs d’âge qui ne faisaient juste que rentrer chez eux. Nous vous invitons d’ailleurs à prendre connaissance de quelques-uns de ces témoignages sur le site du collectif « la santé en Lutte » : https://lasanteenlutte.org/temoignage-de-terrain-violences-policieres-67

Un de nos collègue à la FéBUl s’est lui aussi fait arrêter administrativement avec une trentaine d’autres personnes alors qu’il rentrait chez lui et qu’il était aux abords de la manifestation. Voici un extrait de son témoignage :

(…) Nous étions 15 ou 20 à se faire arrêter sur un trottoir de la rue de la Régence, serrés les un·es contre les autres. À un moment donné, j’ai voulu m’échapper du groupe en courant et un policier en civil m’a couru après, me hurlant dessus et brandissant sa belle matraque télescopique. Après quelques hurlements en plus de sa part, je suis revenu dans le rang. Quelques minutes plus tard, une fille qui n’était pas dans le groupe mais à quelques mètres de nous a commencé à s’énerver contre les policiers en nous voyant. Elle s’est fait prendre par la gorge et trois policiers hommes l’ont plaquée au sol, ce fut assez violent.  Une femme dans le groupe est intervenue verbalement pour demander aux policiers d’arrêter de la violenter. À ce moment-là, le commissaire V. s’est approché de la fille qui demandait que cessent ces violences et V. a commencé à l’intimider, comme il a l’habitude de le faire apparemment. J’avais un t-shirt rouge indiqué « « Karl Marx » et une fois arrêté, un policier m’a bien fait comprendre que mon t-shirt ne les a pas incités à me laisser passer. Le lendemain, dans les témoignages recueillis sur les réseaux sociaux, un participant à la manifestation aurait entendu des forces de l’ordre dire « on laisse passer les soignants, mais pas les gauchistes » (discrimination selon les vêtements que nous portions, donc, ou délit de « sale gueule de gauchiste » !).

 Voir la brutalité tant verbale que physique des policiers à quelques mètres de soi (et qui plus est alors que l’on n’a rien à se reprocher)  est vraiment choquant et révoltant. J’ai vraiment eu l’impression que les policiers, ceux en civil en particulier, agissaient en « roue libre », dans une sorte de défouloir en somme pour certains d’entre eux. Finalement, je n’ai fait que vivre une situation que certaines personnes vivent quotidiennement dans leur rapport à la police, souvent en bien plus violent (mentalement et physiquement) pour elles.

Matthieu Tihon
Matthieu TihonChargé de mission
Barbara Liebshardt
Barbara LiebshardtChargée de communication