La formation de deux journées entières, organisée par le RAPeL (Rassemblement des Associations de Promotions du Logement), active en Région wallonne, s’adressait aux accompagnateur·rices sociaux·ales en logement et avait pour objectifs (1) de donner des repères sur les notions de base de santé mentale et (2) de réfléchir autour de situations rencontrées dans l’accompagnement social en logement d’un public ayant une fragilité psychique, pour en faire ressortir des pistes de solutions.

Après avoir clarifié ce qui est entendu par « santé mentale », et présenté les principales psychopathologies qui existent, les intervenant·es ont amené les participant·es à réfléchir aux situations rencontrées et aux différentes solutions à envisager. Cela a permis d’aborder les liens entre santé mentale, insertion, habitat et rétablissement et ce, sous tous ses aspects durant toute la durée de la formation.

Parmi les pistes de solutions envisagées, nous pouvons retenir les suivantes : mieux connaître les différent·es intervenant·es de la santé mentale et leurs approches, se renseigner sur le type d’aide existante et créer un réseau autour des personnes présentant des fragilités psychiques au sein de l’habitat et autour de celui-ci.

La formation était donnée par une association active en Région wallonne mais force est de constater que les travailleur·euses sociaux·ales actif·ves issu·es du secteur de l’habitat en Région bruxelloise sont tout aussi démuni·es face aux problématiques de santé mentale rencontrées dans le cadre de leur accompagnement. Ce constat souligne donc davantage la nécessité que les acteurs – à tous les niveaux (macro, meso, micro) – des secteurs de la santé et du logement puissent se concerter plus amplement et construire des accompagnements destinés à endiguer les répercussions issues des inégalités sociales et de santé (mentale) qui touchent de plus en plus la population bruxelloise.

À titre d’exemple, en Région Wallonne : le Réseau Santé Namur, un réseau de professionnel·les, usager·ères et proches qui développent de multiples outils, projets, initiatives et procédures visant de meilleurs soins en santé mentale. En Région bruxelloise, Bru4Home est une asbl multisectorielle visant à favoriser la captation et le maintien en logement de personnes en situations de vulnérabilité.

Logement et santé (mentale) de la population bruxelloise

Dans son Baromètre social annuel, l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale constate que « certaines dépenses essentielles, comme celles relatives au logement (loyers et charges) ou à l’alimentation, pèsent lourd dans le budget des ménages et impactent proportionnellement davantage les niveaux de vie des personnes en situation de précarité. À titre illustratif, pour les ménages à bas revenus (premier quartile) en Région bruxelloise, le logement, les charges et les dépenses alimentaires représenteraient 61 % de leurs dépenses, contre 48 % pour les ménages à hauts revenus (dernier quartile) » (2021).

En effet, le loyer médian en termes réels (hors indexation) a augmenté de 30% entre 2004 et 2020. Sur les 62% de ménages locataires dans la Région bruxelloise, un peu moins de la moitié d’entre eux vit dans un logement inadéquat (fuite, humidité, etc). Notons également que 26,5% de la population bruxelloise vit dans une forme de précarité énergétique. L’Observatoire souligne enfin que « de manière générale, les inégalités de conditions de vie, renforcées par les inégalités d’accès aux soins, se répercutent en d’importantes inégalités de santé en Région bruxelloise ».

Il subsiste un problème essentiel, à savoir la non-disponibilité de logements dignes et abordables pour les personnes en situation de précarité, de handicap et/ou de fragilité psychique.

Dans le secteur de la santé mentale, l’accès au logement est une problématique également rencontrée. En effet, il manque d’offres de logements adaptés aux personnes en situation de handicap et/ou de fragilité psychique. Des personnes qui d’une part, souhaitent vivre de manière autonome mais qui d’autre part, ont besoin d’un accompagnement ou un soutien adapté. Des solutions existent mais en nombre trop insuffisant pour répondre à la demande.

En effet, dans une publication adressée en 2021 aux parlementaires bruxellois·es par la Plateforme Bruxelloise pour la Santé Mentale et l’ASBL « Habitat et Participation », elles expliquent qu’« il y a une grande difficulté de trouver des logements se situant entre l’appartement autonome et l’Habitat protégé, à un prix abordable, suite à l’insuffisance de l’offre immobilière et la réduction d’allocation en cas de cohabitation » (2021). Ce type de logement qui porte le nom d’Habitats Inclusifs et Solidaires (HIS) sont effectivement bien trop rares car issus exclusivement de donations jusqu’à présent. La note incite nos représentant·es politiques et porteur·euses de projets à agir pour en développer davantage.

Un peu de contexte

Depuis les années 1970, le secteur ne cesse de rechercher une adéquation plus aboutie entre les soins proposés et les besoins des patient·es. La mouvance que nous pouvons constater est d’axer davantage les soins en santé mentale sur la collectivité.

Au début des années 90, de nouvelles structures ont vu le jour : les initiatives d’habitations protégées (IHP) et les maisons de soins psychiatriques (MSP). Les années 2000 sont ponctuées de projets pilotes et de recommandations internationales tendant vers un modèle de soins psychiatriques organisés en circuits et en réseaux de soins.

En 2010, une nouvelle réforme des soins de santé appelée « psy107 » voit le jour et vient proposer un mode de fonctionnement dont l’idée principale est de transformer une partie de l’offre de soins résidentielle en une offre communautaire amenant le soin au sein du milieu de vie des patient·es, en transférant des moyens hospitaliers vers une réorganisation des soins ambulatoires, avec plus de coordination entre les services existants, notamment par la création d’équipes mobiles. Depuis 2018, cette réforme s’est concrétisée suite à l’approbation par les autorités politiques et administratives des modalités de mise en place d’un réseau unique de soins en santé mentale.

Pour les travailleur·euses qui font de l’accompagnement social dans le secteur du logement, il est indispensable de connaître et développer des liens avec ce réseau de première ligne qui se crée au départ des besoins des personnes, et au plus proche de leur milieu de vie. Nous avons répertorié à cet effet quelques liens vers des ressources intéressantes à la fin de cet article.

Il subsiste cependant un problème essentiel, à savoir la non-disponibilité de logements dignes et abordables pour les personnes en situation de précarité, de handicap et/ou de fragilité psychique.

La FéBUL fait partie à cet effet d’un groupe de travail « Santé mentale, précarité, logement » créé à l’initiative de la Plateforme Bruxelloise de la Santé Mentale. L’idée est de faire des ponts entre les deux secteurs et transmettre des recommandations aux représentant·es politiques. Les axes de ce groupe sont tournés vers l’accès au logement et le suivi intersectoriel du public (suivi médical, social et travail communautaire).

Vous pouvez consulter ici les dernières recommandations émises par le groupe en mars 2023 (platformbxl.brussels).