« La précarité tue aussi sûrement que le Covid », telle était l’une des banderoles militantes que l’on pouvait voir sur la façade de l’ancienne Clinique Depage. Ce message est l’un des nombreux qui émanent des nouveaux et nouvelles occupant·es du bâtiment. Ainsi, pour la soixantaine d’habitant·es sans-papiers menacé·es de passer l’hiver dehors, cette occupation fut non seulement une urgence pour leur sécurité, mais également une revendication politique pour défendre l’accès à un toit et des droits.
En décembre 2020, un groupe de personnes sans-papiers investissent l’ancienne Clinique Depage à Saint-Gilles. Le bâtiment, resté inoccupé depuis plus d’un an, est la propriété du CPAS de Bruxelles-Ville. Après une rencontre avec les acteur·rices concerné·es, le CPAS reconnaît le caractère humanitaire de la situation dans le bâtiment et consent à conventionner avec les 5 collectifs qui seront signataires de la convention. 65 personnes sans-papiers sont concernées. Le bâtiment est amené à être revendu dans un futur proche et l’occupation est donc visée à court terme.
En parallèle, le CPAS sollicite la FéBUL pour l’appui administratif, le suivi des communications avec les groupes et surtout, le suivi technique. Bien que la régularisation de squats ne fasse pas partie de nos pratiques, l’urgence de la situation, le contexte sanitaire difficile et la période nous a amené·es à répondre favorablement à la demande du CPAS, après redéfinition de certains aspects du partenariat et de la clarification des rôles des acteur·rices.
Afin de mener à bien cette mission, il a été convenu que la FéBUL reçoive l’appui financier du cabinet Vervoort et de la COCOM. Les subsides octroyés permettront de couvrir toutes les charges énergétiques, les frais d’assurance, le suivi technique du lieu, et le suivi administratif.
Outre ces aspects relatifs au bâtiment et à la viabilisation du lieu, les groupes présents fonctionnent en autogestion. Ils travaillent en étroite collaboration avec la FéBUL et le CPAS, mais assurent en interne le vivre ensemble et le bon fonctionnement de l’occupation (Règlement d’ordre intérieur, nettoyage, sécurité, suivi de leurs membres).
Après plus de six mois d’occupation du lieu, le projet avance à bon train. Plusieurs aménagements techniques ont permis la sécurisation du lieu et l’accès aux ressources énergétiques. Il est à noter que le quartier connaît depuis plusieurs années des tensions de cohabitation. Par conséquent, l’arrivée soudaine d’un nouveau type de population représentait un défi de taille pour le vivre-ensemble et la cohésion sociale.
Au final, cette occupation se révèle favorable à l’ensemble des parties concernées. Dans un premier temps, elle maintient le bâtiment dans un état stable au profit du propriétaire. Elle assure ensuite la sécurité temporaire pour une soixantaine de personnes. Elle sécurise enfin le lieu et évite à cet immeuble de se transformer en chancre urbain.